mon histoire de résilience Comment un drame peut créer un miracle ? 

Petite fille unique, à part, plutôt solitaire, bonne écolière à qui on demandait de ne pas faire de vagues, j’ai toujours compris dans mon coeur que je ressentais différemment et intensément les éléments autour de moi, les personnes, les animaux, les végétaux. L’élément eau était déjà très important pour moi, dans mon monde d’enfant, je restais des heures à me baigner dans l’eau bienfaitrice qui sonnait dans mon corps comme un câlin, un enveloppement de douceur, avec un sentiment d’apaisement, de nettoyage et de ressourcement.

Je passais des heures la tête sous l’eau à essayer de ne plus entendre “les grands“ avec un souvenir douloureux des nombreuses otites infectieuses et parasynthèses de l’époque, comme quoi mon corps voulait me protéger et m’isoler de cet environnement trop bruyant. J’ai mis des années à le percevoir de cette façon, et heureusement je n’en ai aucune séquelle auditive.

A fleur de peau, J’ai grandi avec beaucoup d’intensités émotionnelles, de blessures refoulées, de peines camouflées au plus profond de mon être, lui qui pourtant me donnait déjà des alertes avec de nombreuses colites inflammatoires, tout ce que je n’avais pas digéré hurlait à l’intérieur de moi.

J’ai donc appris très tôt à mettre un masque de “faux semblants“, essayant d’avoir une vie normale alors que j’étais trop souvent au centre des disputes et des reproches entre mes parents. A quel sujet ? L’alcool, sujet central de ma famille, excès, querelles, ultimatums, voilà le résumé écorché vif de mes souvenirs d’enfance, celle d’une petite fille qui comprenait les choses des grands, avec ses propres interprétations de rejet, d’abandon, de peur, de colère, de tristesse, d’incompréhension, et de culpabilité enfantine. 

Je précise qu’il y a eu aussi de bonnes choses pendant mon enfance, bien sûr, mais mon être en a gardé, conservé, archivé de biens lointains souvenirs à part celui de toujours vouloir être avec ma mère, et de hurler à l’intérieur à chaque arrivée chez cette nourrice que je ressentais comme un bloc de pierre, une âme sans émotion. 

Adolescente, mon mal-être intérieur grandissant, j’ai commencé à consommer de l’alcool, presque comme une évidence, comme une photocopieuse paternelle, l’alcool était présent tous les jours et depuis toujours pour moi, j’ai alors vite ressenti qu’il atténuait mon manque de confiance et mes inquiétudes. 

Il était toujours présent et disponible à la maison, en quantité, mon père ne jurait que par le mot apéro, trinquer, fêter, encore et encore. Placards toujours bien alimentés, les nouvelles bouteilles ne manquaient jamais. Mon malaise interne lui grossissait, tout comme mes kilos d’amertume, de compulsions alimentaires et de douleur, et à la même vitesse que toutes ces bouteilles vidées et empilées de désespoir que mon père engloutissait de plus en plus. 

J’ai continué d’avancer dans cette vie de non sens, en survivant à côté de moi, à faire semblant, dans un déni total de mon être. 

Avec 2 divorces et 4 enfants, mes 4 merveilles, que je bénis chaque jour, j’ai survécu dans une vie de pénibilité, de problèmes, d’abus, de médiocrité, de cachotteries, de complexes, de manque de confiance, de manque d’argent, de manque de joie, de dégoût de moi-même, avec des expériences dégradantes, des lendemains qui déchantent, l’alcool prenant de plus en plus de place dans mon univers profond, avec la censure, le tabou et la culpabilité, associés, le secret d’une femme qui boit trop, qui le sait et qui en a honte. 

Je me sentais comme une condamnée, qui purgeait sa peine au mieux, et mon avenir semblait tracé sur les pas de mon père, de mes grand-pères, arrières grands-pères… 

Les années ont passé, mes parents se sont séparés, je pense que mon père ne s’en est jamais remis, alors il a continué à sombrer, dans les bars, avec les copains de boisson, sa nouvelle famille, il me reste en mémoire cette chanson que j’entends encore aux lèvres de mon père, « jolie bouteille, sacrée bouteille, veux-tu me laisser tranquille, je veux te quitter, je veux m’en aller, je veux recommencer ma vie »… elle prend un tout autre sens aujourd’hui pour moi. 

En 2010, j’ai déménagé de Tours vers le Bassin d’Arcachon pour me rapprocher de l’eau si chère à mon coeur, cette mer nourricière qui me fait tant de bien. J’étais éloignée de mon père resté en Touraine, divorcé, replié sur lui-même, noyé dans sa vie avec l’alcool et le mensonge, nos rapports étaient distants. C’était son choix, je le jugeais, je cherchais toujours son amour et sa reconnaissance, sans relâche, et pourtant je le reproduisais, je buvais, je me mentais, et je le savais. 

J’ai eu un comportement addictif avec l’alcool pendant 25 ans de ma vie, de longues années d’emprisonnement et de descente aux enfers, jusqu’à ce 17 août 2017, jour où tout a basculé, un véritable coup de téléphone qui m’assomma comme un coup de poignard, et cet appel, je ne l’oublierai plus jamais. 

L’alcool l’a tué et m’a ressuscitée 

Depuis petite fille, j’avais tant espéré, attendu, essayé d’attirer son attention, sa reconnaissance, mon papa ! Mon héros à mes yeux ! Toutes ces années à m’épuiser pour tenter de gagner son amour. Il ne me voyait pas, et il continuait de s’échapper, de s’éloigner, baigné dans cet alcool qui ne faisait que nous séparer encore et encore ! Honte, culpabilité, cette descente l’a tiré au plus profond de son mal-être, et ce jour est arrivé. Le 17 août 2017, mon père s’est suicidé. Jamais je n’aurais pu imaginer l’intensité de cette douleur avant que je n’aie à ouvrir la porte de sa maison souillée, dans laquelle il a été retrouvé ensanglanté. 

J’ai vu dans cette maison ce que je n’aurai jamais cru voir, ni ressentir, et je garde aussi comme mémorisée et ancrée la longueur de ma douche ce soir là, une douche qui coulait aussi fort que mes larmes, cette eau à qui je demandais de laver cette vision d’horreur, de nettoyer ce chagrin sans mesure, la douleur d’un animal torturé, et cette odeur que je n’oublierai plus jamais, celle de la mort. 

Avec la charge de cette responsabilité, des dettes qu’il me laissait, de l’insoutenable qu’il fallait organiser, je suis tellement reconnaissante de voir comme parfois, quand on n’a plus aucune force et que l’on se sent dévastée, la vie nous donne une puissance au-delà du possible. Je garde le souvenir de la distribution des cendres de mon père, il faisait gris ce jour là et pourtant un magnifique rayon de soleil est arrivé, comme un clin d’oeil enchanté. Cette insoutenable vérité a été une bénédiction, le déclic, le cadenas enfin ouvert, celui qui a tout déverrouillé en moi, et cela jamais je n’aurais pu le soupçonner. Jamais je n’aurais pu me douter que ce drame, ce chaos émotionnel allait ouvrir la porte divine qui sonne désormais au coeur de mes cellules, comme une grâce, celle de ma libération.

Alors oui tout est possible, au-delà de l’horreur d’une situation presque insupportable, se niche, quand on veut bien voir, un cadeau unique, une occasion à grandir, une possibilité de dépasser l’insoutenable, le choix de la résilience, le choix de se découvrir vraiment, le retournement de la conscience ! 

J’ai vu la mascarade, les mensonges, le déni. Il était l’heure de me regarder en face, même si ça piquait et brûlait avec les larmes et les cris de la souffrance, il était l’heure d’être honnête, intègre envers moi, sans voile, ni fard, ni masque, et avec tendresse et amour sincère envers moi. 

10 mois plus tard, jour pour jour, le 17 juin 2018, après ce verre de trop, le regard de honte et de peine de mon jeune fils Sacha a sonné en moi comme la prise de conscience révélatrice, comme un élan naturel intérieur et profond, il m’a alors fallu une seconde pour savoir que mon addiction d’alcool était terminée. 

Aujourd’hui délivrée de l’abus, je n’ai plus besoin de ce piège, il ne m’est plus nécessaire d’être anesthésiée, inconsciente, prisonnière de cette illusion mensongère à l’origine de tant de pleurs, d’humiliations, de trahisons et de manipulations dans mon parcours. 

Ma vison, mes interprétations intérieures se sont totalement transformées par rapport à mon ancien lien avec l’abus d’alcool, je n’ai plus les mêmes émotions envers lui, il n’est plus un ami indispensable, aidant, soutenant, ni une obligation, ni une condamnation. 

L’alcool est désormais à mes yeux un élément neutre, sans rejet ni dépendance. Je n’ai pas de jugement envers lui, je peux même trinquer entre amis aujourd’hui, un verre vu depuis la conscience, le discernement et non plus depuis la soumission ou la victimisation. 

Alors cette grande aventure permet de voir combien les croyances ont la peau dure comme on dit, comme celle de croire que l’addiction est un problème presque invincible, une maladie à combattre toute une vie. 

Le piège est dans l’attachement à la certitude, qui sera toujours vraie. Les croyances peuvent maintenir en prison, ou délivrer, et dans les deux cas, ce sera une vérité et une réalité. 

La bonne nouvelle ? Tu n’es pas en prison avec la compulsion, tu es la prison avec tes croyances sur la compulsion ! Tu es aussi la clé ! 

Une seule prise de conscience peut éclairer et transformer toute ta vie 

En changeant ta vision, ton opinion, ta perception, tout ton univers se modifiera aussi.

La compulsion n’est ni bien ni mal, elle est ce que l’on en fait !

Un gourou ou bien un élément neutre qui finit par se dissoudre, tout est possible, et c’est un choix de posture.

Après 5 ans sans envie, sans manque, sans frustration, l’alcool est de nouveau présent dans ma vie, de temps en temps, mais plus depuis la même opinion, l’abus n’est plus.

C’est bien l’espace depuis lequel je le consomme qui s’est modifié, il n’y a ni obligation, ni interdiction.

Il y a la conscience de l’acte dans l’instant, et pour moi c’est cela la liberté.

Cela m’a demandé beaucoup d’introspection envers mes modes de croyances sur mon histoire, mon enfance, d’oser aller voir mes programmes et mémoires enregistrés dans mon inconscient, un grand dépouillement de l’ego personnalité.

Le réveil de conscience permet de tout dépasser, cela demande de la vigilance, de la présence et beaucoup de compassion envers soi pour réussir à y voir clair et à tout accepter, depuis l’espace de l’amour et non plus de la peur, depuis le chemin de la sagesse. 

libérée de mon addiction à l'alcoolAujourd’hui coule en moi l’eau de la vie, l’eau de la résilience, comme la rivière suit son chemin, naturellement. j’ai enfin compris que dans cette vie de tumultes, de remous, de tourbillons, tout avait un sens à me faire comprendre, que ce n’était pas à mon père de me donner cet amour tant recherché, comment aurait-il pu me donner ce qu’il n’avait pas pour lui même ? C’est à moi de m’ouvrir grand les bras, et de laisser jaillir la source originelle d’amour que je porte au coeur de mes cellules, de la ressentir, de la vibrer, de la laisser briller comme un soleil et de la partager. 

OUI mon miracle est arrivé, comme un message cristallin, j’ai reçu une guidance paternelle comme une offrande, le choix de continuer ma lignée familiale dans la prison de l’alcool, ou celui de choisir la liberté ! Et c’est ce que j’ai fait, j’ai choisi la vie, cette énergie qui circule en moi avec force et sagesse, et qui coupe ce lien déséquilibré de loyauté familiale, cette fidélité énergétique transgénérationnelle, et c’est un honneur, je me sens responsable dans ma quête de sagesse et c’est merveilleux. 

Libérée, éclairée, consciente, c’est depuis ma plus belle vocation, celle d’accompagner, de faciliter de tout mon coeur celles et ceux qui comme moi, choisissent de vivre libres. 

Je me suis beaucoup formée, et je continue mes recherches, ma soif de nouvelles connaissances est inépuisable pour toujours mieux accompagner, en créant des séances et des programmes adaptés pour tous. C’est une réelle mission, une motivation comme un cadeau à diffuser au plus grand nombre, une invitation pour une nouvelle vie, et avec une nouvelle relation au corps, ce cher ami si précieux. 

Je connais donc parfaitement les ruses, les fourberies et autres sournoiseries des addictions, des compulsions, des dépendances, qu’elles proviennent de l’alcool, du tabac, de la drogue, des compulsions alimentaires, du sucre, de la dépendance affective, des jeux, du sexe et de toutes les autres, les excuses sont si nombreuses que le piège semble bien dominant, mais la bonne nouvelle c’est que vous pouvez reprendre la barre de votre plus belle aventure, celle de votre vie. 

Par mon histoire et mon expérience, je peux affirmer du fond de mes cellules, quel que soit le niveau de consommation et la nature de la substance, l’addiction n’est pas une fatalité, et chacun.e à la possibilité de la transformer dans une sagesse que je nomme l’Amour. 

L’Amour est ce miroir de résilience où nos épreuves peuvent devenir de merveilleux tremplins d’évolution, de retour à notre souveraineté, notre potentiel de redevenir des être responsables, conscients et créateurs. 

Je suis 100% responsable de toute ma vie, de mon malheur et aussi de mon bonheur et quelle grâce ! 

Tout est possible, et si moi je l’ai fait, tout le monde peut le faire. Tu peux le choisir, le décider, comme un engagement total et intégral envers la personne la plus importante de toute ta vie, TOI ! 

Chacun de nous a la responsabilité de ses choix individuels et collectifs, choisir de subir dans la souffrance, ou bien choisir la résilience, en rayonnant cet élan comme la rose offre son parfum au monde, sans limite. 

Aucune situation n’est plus élevée que notre capacité à la transcender ! 

Avec Amour

Sophie 

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